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  J'écoute ? Ou j'entends ?     

                                  Sons au temps présent. Ici et maintenant. Reproduits en un seul exemplaire.       

Musique. Cortège. Une boumante de voitures klaxonnant son désarroi.  J'ai été prise par surprise. Un hélicoptère nous survolait. Des gens manifestaient. Dans la rue. Sur un rond-point. Protégés. Surveillés. La police aux aguets. Ils ont fait du bruit. Réveiller la foule. Les endormis. Et là, je retrouve le silence. Une certaine fatigue m'envahie. Ce silence retrouvé, m'amène de la tristesse. C'était bruyant. Cacophonique. C'était vivant. Ce silence devient inquiétant. Un silence de mort. La vie n'est déjà plus. Elle s'est enfuie.

Des gens filment. Des gens pleurent. Des gens motivés. Des gens dansent.

Des gens grimpent. Des gens se réunissent. Des gens discutent. Des gens jettent des pétards. Des gens apeurés. Des gens boivent. Des gens rient.

Des gens scandalisés.

Des gens mixent. Des gens surveillent. Des gens timides. Des gens photographient.

Des gens marchent. Des gens en colère. Des gens vident leurs fûts dans la rivière.

Des gens bourrés.

Des gens traversent. Des gens mangent. Des gens applaudissent. Des gens fermés.

Des gens courent. Des gens immobiles. Des gens jouent. Des gens posés.

Des gens partout. Des gens grands. Et des petites gens. Des gens solidaires.

Des gens flamboyants.

Des gens ensembles. Des gens écoutent de la musique. Des gens déguisés. Des gens crient. Des gens scandent. Des gens surpris. Des gens sourient. Des gens pressés. Des gens réunis. Des gens unis. Des gens debout. Des gens à bout. Des gens. Rien que des gens.

Tous non essentiels.

   Plus l’on va vite, plus l’on fait du bruit.               

                              Il n’y a pas de bon ou de mauvais bruit. Il y a juste du bruit.    

           Une minute de silence   

J’entends

J’entends le silence

J’entends le brouhaha invisible

J’entends l’église qui sonne six coups

J’entends ma respiration sèche se languissant

J’entends le sachet de poubelle qui flotte au vent

J’entends les corbeaux qui se questionnent quoi ? quoi ? 

J’entends le raclement métallique des grues dansant dans l’azur

J’entends les pigeons atterrissant savoureusement sur la sculpture rouillée 

J’entends mon estomac qui gargouille dans un glissement de balle de flipper rebondissant

J’entends le piaillement gai des oiseaux têtus, commentant tout, de la pluie au beau temps

J’entends  un automobiliste sortir de sa torpeur poussé par un klaxon rythmé 

J’entends une ambulance ocrée se précipiter sans demi-mesure 

J’entends le vent aux abois chuchoter des mots en émoi 

J’entends les moineaux guillerets face au printemps

J’entends mon genou droit qui craque lentement

J’entends les rires nonchalants si doux

J’entends le calme imperceptible

J’entends le vacarme

J’entends.

 

J’entends la vie. Surtout la vie.

Le corps en tant que composé d’organes, ne cesse de se mouvoir. Ne cesse ses bruits.

  Alors, c’est quoi le silence intérieur ?                                                                          

               Comment fait-on silence ?

​

La lenteur

L’immobilité

L’écoute

L'obscurité

​

  La nuance                                     

  Le vide                                          

  La pause                                       

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